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IV. — LES GHILZAIS

volables ont aussi fort à faire de se garer des Povindas. Les Ghilzais sont à ce compte les Povindas des Povindas : ils sont fiers de leur nom qui signifie, disent-ils, fils de voleur (Ghal-zai). D’autres disent qu’il signifie « fils de vol, » c’est-à-dire bâtard (furto natus) et content à ce propos une vieille histoire. Mais c’est une histoire inventée par les Douranis, pour flétrir leurs rivaux : Ghilzai est bel et bien un brave et honnête voleur. Quand un enfant naît, sa mère perce un trou dans le mur de la maison, le fait passer par là pour lui apprendre l’effraction[1] et lui dit : « Ghal-zai ; sois un bon voleur, mon enfant ! » Tel est le baptême des Ghilzais.

IV

Il est assez inutile de chercher à prévoir ce qui adviendra de l’insurrection ghilzaie. Les éléments

  1. Les voleurs à la frontière ont une méthode d’effraction très simple : ils percent en un instant un trou dans le mur de torchis avec une sorte de vrille dite nagab ou svarlai et se glissent sans plus de cérémonie dans la maison. C’est ce qu’on appelle le nagab zani.