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IV. — LES GHILZAIS

de sinistres pressentiments. Les chefs ghilzais rentrèrent dans leurs terres pour soulever les tribus. L’histoire de la guerre est typique, comme spécimen de stratégie afghane.

Tandis qu’une partie des insurgés occupait les Douranis de Candahar, le reste, 20,000 hommes, marchait sur Caboul et arrivait jusqu’à Ghazni, sans que l’on en füt informé à Caboul : la capitale était dégarnie, le nouveau roi, Mahmoud, ayant envoyé toutes ses troupes à Péchawer contre son oncle et rival Chah Choudja. Les grands seigneurs douranis qui se trouvaient à la cour firent merveille ; ils armèrent leurs domestiques, et, joints à la garde personnelle du roi, formèrent un corps de trois à quatre mille hommes qui rencontra les Ghilzais à peu de distance de Caboul. Les Ghilzais étaient quatre ou cinq fois plus nombreux, mais sans cavalerie, mal armés, quelques-uns n’ayant qu’un bâton pour toute arme. Les Douranis se formèrent en trois colonnes, et mirent en tête leurs chahins, ou canons portés sur chameaux. Les Ghilzais se jetèrent en masse furieuse sous le feu des canons et y laissèrent une partie de leurs gens ; le reste enfonça la colonne qui leur était opposée. Mais les deux autres colonnes les prenant de flanc, ils furent obligés de battre en retraite et se retranchèrent dans un de leurs forts, situé sur la