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LETTRES SUR L’INDE

querelles de prétendants qui agitent l’Afghanistan depuis un siècle et demi, ne sont que des querelles de famille au sein de la grande tribu.

Les Ghilzais cependant n’avaient pu absolument oublier le passé. Le clan royal des Hoteks, qui leur avait donné Mir Véis, le libérateur, Mahmoud, le conquérant et Achraf, le dernier des empereurs ghilzais, n’était pas éteint et pouvait toujours, l’heure venue, revendiquer l’hégémonie afghane au nom d’un passé glorieux. Pourtant les Ghilzais ne bougèrent pas sous le grand Ahmed : il leur donnait, comme à tous les Afghans, du butin et de la gloire. Sous ses faibles successeurs, il n’y avait plus ni butin ni gloire et il ne resta aux Ghilzais que le souvenir de leur déchéance, avec la conscience de leur force devant des rivaux en décomposition. Ils relevèrent la tête en 1801. Une conspiration se forma à Caboul même, où nombre de chefs ghilzais se trouvaient réunis par hasard. Ils rencontrèrent là le représentant de leur famille royale, Abdoul Rahim : les Ghilzais lui offrirent la couronne. Il n’avait point été maltraité par le roi Chah Zéman et avait même reçu une pension en addition à ses propriétés héréditaires ; il refusa d’abord, puis, comme Gœtz de Berlichingen, chef forcé des paysans, céda malgré lui et avec