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LETTRES SUR L’INDE

courtoisie, mais lui faisait entendre qu’elle ferait bien, pour elle et pour lui, de ne point trop s’attarder. Le bruit, en effer, s’était répandu, ou avait été répandu, que l’Émir avait vendu l’Afghanistan aux Anglais ; la commission venait prendre livraison. Et telle est la cause, disent les Ghilzais, du soulèvement des Ghilzais.

Les travaux du chemin de fer de Sibi-Quetta, qui doit amener les escadrons anglais à une journée de course de Candahar, occcupent 40, 000 ouvriers, Béloutchis, Hazaras[1] et Ghilzais. Un homme gagne par jour une roupie (1 fr. 80), salaire inoui dans le pays et suffisant pour faire oublier que sous le soleil de Sibi l’apoplexie est en permanence et que, en mars de l’an dernier, 10, 000 ouvriers sont morts du choléra. L’Émir, qui est avant tout un homme juste, s’est dit que tout revenu doit subir l’impôt et qu’il était légitime qu’il eût sa part de ce Pactole : il a établi, en conséquence, une taxe d’une roupie par tête sur chaque ouvrier, Hazara ou Ghilzai. Et telle est la cause, disent les Anglais, du soulèvement des Ghilzais.

  1. Les Hazaras sont une tribu d’origine tartare établie dans l’Afghanistan.