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LETTRES SUR L’INDE

miracles, qu’il serait trop long de conter ici, à la cour de l’empereur Akbar : le petit-fils, comme on voit, n’a pas dégénéré.

L’Émir n’a qu’une femme, la Bibi malika ou Reine ; mais il a cent et une concubines (kaniz). Il n’a point d’enfants de la malika : il a cinq enfants, de quatre kaniz ; l’aîné, Habiboullah, a seize ans et est l’héritier du trône, faute d’héritier légitime. Fils d’une femme de seconde qualité, il a un sérieux désavantage en regard du petit Mousa Djan, le prétendant de Téhéran[1]. Il a épousé récemment la fille du Brigade major de Caboul, Mohammed Amin. Vous me demanderez ce que c’est que le Brigade major. C’est beaucoup et c’est peu de chose. L’Émir, voulant avoir un état-major bien en règle, à créé un Sipâh sâlâr ou commandant en chef, un Nâyib sâlâr ou commandant en second, un Brigadier général et un Brigade major. Ces quatre grands officiers ne sont que des ombres : le commandant en chef ne peut donner un congé de deux jours à un sipaie sans demander la permission à l’Émir.

L’Émir est debout de huit heures du matin à

  1. Voir la quatrième lettre. — Au commencement de cette année (Janvier 1888), l’Émir, quittant Caboul pour visiter Jellalabad, à chargé Habiboullah de le représenter à Caboul et lui a remis l’épée royale. C’est une façon de le désigner pour héritier.