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III. — LES AFGHANS DE L’ÉMIR ET L’ÉMIR

trant le Commissaire anglais qui assistait à l’entretien, est-ce l’habitude en Angleterre de condamner les gens sans les entendre, et ne fait-on pas une enquête auparavant ? » La raison était si bonne que le Parsi sentit toutes ses inquiétudes s’évanouir. Une succursale fut ouverte à Caboul : tous les quinze jours, la caravane emporte un envoi, qui est d’abord porté au palais où l’Émir et ses femmes font leur choix ; puis les nobles vont, par ordre, se fournir de ce qui reste. Un des premiers envois contenait quatre glaces colossales venues d’Oxford Street : c’est la fin du chich mahal et des murs aux mille miroirs qui faisaient jadis la gloire des Radjas et des Nawabs. Le suivant contenait quelques cadeaux personnels du Parsi à l’Émir : c’étaient un vélocipède et trois perroquets, l’un de l’espèce que l’on appelle hiramala ou perroquet à guirlande de diamants, l’autre un nouri ou couleur de feu, et le troisième un de ces merveilleux perroquets du Zanguebar qui aboient comme des chiens.

La maison Darabji avait envoyé, il y a un an, à Caboul, pour diriger la succursale, un jeune Parsi, d’une intelligence peu commune, nommé Péchotanji. L’Émir le prit en amitié et en a fait le précepteur d’anglais de ses enfants. Péchotanji descend d’une famille illustre chez les Parsis, la famille des Mihirdjirana, dont l’ancêtre fit des