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LETTRES SUR L’INDE

c’est un bureaucrate, chose nouvelle pour un souverain afghan et peu populaire. Chaque jour a son emploi réglé. Deux jours de la semaine sont consacrés à la correspondance, le lundi avec le haut pays (Hérat, Candahar, etc.), le jeudi avec le bas pays (Caboul, Péchawer et l’Inde). Le mardi, il tient le durbar militaire, et reçoit les officiers de la garnison qui dînent tous au palais : c’est aussi le jour des réceptions privées, du Divani hass. Le mercredi et le samedi il rend la justice et reçoit le peuple ; le dernier mendiant est admis, c’est le Divan public ou Divani am. Le vendredi est un dimanche de Londres ; bazar, boutiques, palais, tout est fermé : les mosquées seules fonctionnent. Le dimanche est consacré aux affaires privées de l’Émir.

Les deux grands jours sont les jours de Divani am, car l’Émir est avant tout un justicier. Il rend la justice, la main au pommeau de l’épée, On lui amène les voleurs de grand chemin et il informe ; il dit : bekouchid, et on leur coupe la gorge, ou bien : gargara kounid, et on les mène pendre. Il entend la justice à la Salomon et y met une humour féroce. Au temps des affaires de Penjdeh, on lui amène un homme qui a annoncé que les Russes approchent. « Les Russes approchent, dit l’Émir ; eh bien, on va te faire monter au sommet de cette tour et on ne