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avec une bataille qu’on écrase une révolution ; or l’Islam en est à son 93 — un 89 y est impossible. Ne vous y trompez pas : malgré les différences extérieures infinies des deux mouvements, c’est le même esprit qui agite et qui pousse les hommes de la Révolution et les hommes du Mahdi. L’œuvre du Mahdi, pour les milliers d’humbles qui se font tuer à sa voix, et probablement pour lui-même, c’est l’avènement de la justice. Rappelez-vous la définition du Mahdi par le Prophète : « Un homme qui remplira la terre de justice, autant qu’elle est remplie à présent d’iniquité. » L’idée révolutionnaire chez nous, l’idée messianique chez les musulmans, c’est le même instinct, la même aspiration, chez nous sous forme laïque, là-bas sous forme religieuse, chez nous desséchée en formules abstraites et en raisonnements théoriques, là-bas à l’état natif et éclatante de visions surnaturelles. Des deux parts, le même élan vers l’idéal, avec des chutes sanglantes dans la convoitise et la haine ; des deux parts, la même ignorance de la