Page:Darmesteter - Le Mahdi.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peine, par un Algérien de Mostaganem qui, à présent, domine la Tripolitaine et le Soudan tripolitain et étend ses ramifications de l’Atlantique à Bagdad (62). Or Senoussi, en homme prévoyant, avait épousé une chérifa, c’est-à-dire une femme de la race d’Ali, et il avait donné à son fils le nom d’El-Mahdi. Tous les Senoussi ont les yeux fixés sur celui-ci : il vient d’avoir quarante ans, l’âge prophétique. On raconte parmi les Arabes que le sultan, un peu inquiet, lui aurait écrit : « On parle beaucoup de toi. Qui es-tu ? Si tu es le Mahdi, fais-nous-le savoir, pour que, au nom de Dieu, nous te facilitions la mission divine qui t’a été confiée. » Le Mahdi, très prudent, aurait répondu : « Je suis bien votre serviteur, mais je ne sais ce que vous voulez dire. » En attendant, le Mahdi de Tripolitaine et celui du Soudan se regardaient comme des chiens de faïence : au commencement de l’an dernier, le Mahdi de Djahrboub dénonçait celui du Soudan à l’indignation des fidèles comme imposteur et menteur.