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des Turcs frottés de bureaucrate. La conquête égyptienne du Soudan était sans doute, pour l’Occident, pour la science, pour le commerce de nous autres, gens d’Europe, un bienfait ; pour les populations du Soudan, c’était l’enfer. La conquête égyptienne, c’était le monopole de l’esclavage au profit des gens du khédive. Le noble et héroïque Gordon, nommé gouverneur du Soudan, vit de près la civilisation égyptienne à l’œuvre et deux fois lâcha la place de dégoût et d’horreur. Aussi le mot du Mahdi n’est point : Guerre aux chrétiens ! mais : Guerre aux Turcs ! c’est-à-dire, guerre aux faux musulmans du Caire ! On dit Turc au Soudan par habitude, parce qu’on n’est pas au courant, dans l’île d’Aba, des changements de l’onomastique politique et qu’on n’y sait pas encore que ce n’est plus le Turc de Constantinople qui règne en Égypte.

Quoi qu’il en soit, le Turc, qui se croit encore suzerain, prit peur. Le Soudan, d’ailleurs, n’est pas le seul pays où un Mahdi soit à craindre : de l’autre côté de