Page:Darmesteter - Le Mahdi.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.

journées en aval de l’île sainte. Le gouverneur général Raouf Pacha, enfin informé, envoie deux cents hommes à Aba pour s’emparer du Mahdi : assaillis par la pluie, enfonçant dans la boue, dans l’obscurité de la forêt, ils arrivèrent, dit-on, à minuit devant la cabane du prophète, autour de laquelle tournoyait une bande de derviches, répétant le nom sacré d’Allah. L’adjudant-major fait feu et tue un derviche : aussitôt les derviches se ruent sur les soldats avec des hurlements horribles, répétés par des milliers d’Arabes qui fondent de la forêt. En quelques instants toute la troupe est mise en pièces, avec ses chefs. C’était la première étincelle du grand incendie qui à présent dévore tout le bassin du Nil : c’était en août 1881.

Le Mahdi, retiré avec ses derviches sur le mont Gadir, repousse de nouveaux assauts. Le Soudan commence à s’agiter. Le gouverneur intérimaire, le Bavarois Giegler Pacha, concentre à Khartoum les garnisons du Sennaar, du Fachoda, du