Page:Darmesteter - Le Mahdi.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pleurant continuellement sur la corruption des hommes, amaigri par les austérités et les jeûnes. La tribu voisine des Beggaras, la plus puissante de cette région du Nil, le vénérait comme un saint et sentait que le souffle de Dieu était sur lui. Aussi, quand l’année prophétique sonna, la quarantième année, et qu’il se releva Mahdi, les Beggaras passèrent sans peine de la vénération à l’adoration : il était prophète en son pays.

D’ailleurs l’année fatale n’approchait-elle pas, l’année 1300 de l’hégire, qu’une tradition moderne assigne pour le triomphe définitif de l’Islam ? Mohammed envoie partout des missionnaires aux cheikhs des tribus, annonçant qu’il est le Mahdi attendu, que Mahomet est venu le lui annoncer de la part d’Allah, que la domination turque va finir, que le Soudan va se soulever de tous côtés, et, quant à lui, qu’après avoir passé au Soudan le temps voulu, il ira à la Mecque se faire reconnaître par le grand chérif. Il y avait déjà un an que duraient ces prédications sans que l’on en sût rien à Khartoum, à trois