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vait par cœur tout le Coran. Son père étant mort, ses deux frères, plus âgés que lui et constructeurs de barques sur le Nil Blanc, voyant dans leur jeune frère l’étoffe d’un grand docteur, subvinrent à ses besoins et lui donnèrent les moyens d’aller étudier sous deux professeurs en renom des environs de Khartoum, Abdel Dagim et El Gourachi. À vingt-cinq ans, ses études achevées, et sa mère étant morte, il se rendit dans l’île d’Aba, dans le voisinage de laquelle travaillaient ses frères, petite île naguère inconnue, aujourd’hui historique en Europe et sacrée en Afrique ; il y vécut quinze ans, dans la retraite, les quinze années que Mahomet avait passées à méditer sa mission près du mont Harra. Sa carrière, comme vous le voyez, était tracée d’avance dans celle du prophète. Strauss prétend que la figure de Jésus est une projection lancée par l’imagination populaire du fond des vieilles prophéties d’Israël : la vie du Mahdi, c’est la théorie de Strauss en action ; le Mahdi est le reflet vivant de Mahomet. Il habitait un trou sous terre,