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ce qui faisait que le miracle avait eu peu de témoins. Il prodiguait l’or en espèces sonnantes : cet or lui était également tombé du ciel, marqué au coin du Sultan. Son corps, quoique visible, était immatériel. Tous les jours, devant le peuple, à l’heure de la prière du soir, il trempait ses doigts dans une jatte de lait et se les passait sur les lèvres ; c’était toute sa nourriture. Il surprend et massacre à Damanhour soixante hommes de la légion nautique : en jetant un peu de poussière contre nos canons, il empêchait la poudre de prendre et faisait tomber devant les vrais croyants les balles de nos fusils. Mais le chef de brigade Lefebvre marche contre lui avec quatre cents hommes ; « assailli d’une nuée d’Arabes, écrit Bonaparte dans un rapport au Directoire, il se range en bataillon carré et tue toute la journée ces insensés qui se précipitent sur nos canons, ne pouvant revenir de leurs prestiges. Ce n’est que la nuit que ces fanatiques, comptant leurs morts (il y en avait plus de mille) et leurs blessés, comprennent que