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ses Berbères fanatisés ; puis, sans perdre de temps, il faisait combler le puits, sanctifié par la présence des esprits, pour le soustraire à toute souillure dans l’avenir — et prévenir les indiscrétions de ses anges.

Le Mahdi mourut avant de récolter le fruit de ses miracles : son disciple et successeur, Abd-al-Moumin, en profita, lança le torrent berbère sur le Maroc, qu’il inonda, et du Maroc sur l’Espagne, qu’il conquit : de là la dynastie des Almohades, qui fit régner en Espagne pendant tout le xiie siècle une orthodoxie farouche que la domination arabe n’avait pas connue. Averroès dut s’exiler. « Dans notre pays, dit avec orgueil un docteur du temps, on ne tolère point la moindre hérésie : point d’église, point de synagogue (45). »


Les Almohades succombèrent à leur tour ; mais la fièvre du Mahdi continua à agiter les Berbères. Durant tout le xiiie siècle, ce fut une épidémie. On le cherchait aux extrêmes confins du monde habité. Il y avait à Massa, sur la côte du Maroc qui