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descendant d’Ali était fils d’un mage et d’une juive ; mais, le jour où les docteurs d’Égypte, recevant Moez, lui demandèrent de donner les preuves de sa descendance, il les avait convaincus sans peine avec deux arguments : il avait mis la main à la garde de son épée, en disant : « Voici mon ancêtre », et leur avait jeté une poignée d’or, en disant : « Voilà mes preuves » (43).

Cependant, à la longue, la crédulité se lassait. Il n’avait pas été annoncé par les prophètes que le Mahdi ferait souche de rois terrestres : il devait venir pour annoncer Dieu. Il fallait donc que Dieu vînt : le septième fatimide, Hakim, devint Dieu. Ce Hakim était une sorte de fou furieux, tour à tour musulman bigot ou athée effréné, suivant le caprice théologique de l’instant et selon qu’il s’attachait à la lettre du Coran ou à l’interprétation symbolique des initiés du dernier degré. Un sectaire persan, nommé Darazî, vint lui prêcher qu’il était l’incarnation divine, et Hakim le crut sans se faire prier ; et ce qui est mieux, c’est que Hakim ne fut pas le seul