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Un jour, un cheikh osa lui dire en face : « Si tu es le Mahdi, fais un miracle, car nous doutons fort que tu sois ce que tu dis. » Le Mahdi répliqua en lui faisant trancher la tête. Ce n’était pas un miracle ; mais je doute qu’aucun miracle eût mieux fermé la bouche aux incrédules !

Il fallait une capitale au Mahdi : il ne voulait ni de Tunis ni de Kairouan, trop arabes, et où il se sentait peu sûr. Il parcourut la côte de Tunisie et arriva à une péninsule ayant la forme d’une main avec le poignet : là, après avoir cherché dans les astres le jour et l’heure favorables, il posa la première pierre d’une ville sur laquelle le drapeau français flotte aujourd’hui ; elle porte encore le nom qu’il lui a donné, Mahdia, c’est-à-dire la Ville du Mahdi. Il l’entoura d’une forte muraille aux portes de fer, dont chaque battant pesait cent quintaux. Il fit tailler dans la colline un arsenal qui pouvait contenir cent galères et, la ville achevée, s’écria : « Je suis tranquille à présent sur le sort des Fatimides. J’ai bâti cette ville pour