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délivre, le fait monter à cheval et, marchant devant lui avec les chefs des tribus, dit au peuple avec des larmes de joie : « Voici votre maître » ; le vendredi suivant, il fait proclamer son nom dans la prière publique, avec le titre de « Mahdi, Prince des croyants. »

Le Mahdi jusque-là n’avait été qu’un triomphateur passif : il montra brusquement qu’il savait agir. Il commença par faire assassiner Abou-Abdallah. « Arrête, mon fils ! » s’écria Abou-Abdallah en saisissant le bras du meurtrier. L’homme répondit : « Celui à qui tu nous as enjoint d’obéir nous a ordonné de te tuer. » Abou-Abdallah avait trop bien réussi dans son apostolat. Le Mahdi d’ailleurs ne fut pas ingrat : il récita lui-même la prière des morts sur le cadavre de son bienfaiteur. Quelques-uns doutaient de lui : le soleil était de l’opposition et avec un scepticisme opiniâtre continuait à se lever à l’Orient ; puis, le Mahdi avait bien montré qu’il savait tuer, mais il n’avait pas encore montré qu’il sût ramener un mort à la vie.