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Tant que la lutte durait, ils avaient caché leurs prétentions personnelles ; ils s’étaient donnés comme les vengeurs d’Ali et de ses fils ; ils avaient surexcité le fanatisme alide, qui avait armé pour eux la Perse entière ; ils avaient envoyé par tout l’empire de véritables missionnaires qui entretenaient et attisaient le souvenir toujours brûlant des scènes de Kerbela et faisaient pleurer et frémir la Perse musulmane devant la Passion d’Ali et de ses fils, dieux et martyrs. Leurs émissaires faisaient jurer fidélité à un calife de la famille du Prophète, sans dire son nom. Ils avaient pour agent principal et pour exécuteur des hautes œuvres un homme de la Perse orientale, ancien garçon sellier, Abou-Mouslim, convaincu, austère, atroce, un de ces hommes qui, selon le mot d’un poète du temps, ne buvaient l’eau que mélangée avec le sang ; un homme de 93, formé par le Coran.

À mesure que l’étoile des Oméiades baissait, les Abbassides rejetaient peu à peu les Alides dans l’ombre : n’étaient-ils