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Quand Mohammed, le fils d’Ali, quand le premier Mahdi reconnu eut disparu, qu’il n’y eut plus moyen de douter qu’il n’était plus là, la vieille mythologie vint soutenir dans leur foi nouvelle les espérances des néo-musulmans. Les poètes chantèrent qu’il était caché pour un temps, près de Médine, dans la vallée de Radwa, où coulent l’eau et le miel, en attendant le jour où il apparaîtrait à la tête de ses cavaliers, précédés de l’étendard (18). Mohammed lui-même, disait-on, avait désigné du doigt la passe des montagnes d’où le Mahdi devait sortir et rassembler autour de lui des armées aussi nombreuses que les flocons de vapeur dont se composent les nuages ; et il y en avait qui avaient établi là leur demeure et y moururent dans l’attente (19). On fixait à soixante-dix ans — la durée biblique de la vie humaine — le temps de sa disparition. Il reste un fragment d’un de ces poèmes, dus à un grand poète du temps, le Seid himyarite (20). Permettez-moi de vous en citer quelques vers dans la belle traduction de M. Barbier de Meynard :