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grandeur de la nation s’est engloutie, il y a trois siècles, dans les sables de l’Afrique, n’est point couché dans la tombe : il va bientôt, avec une flotte, revenir du Brésil ; don Louis abdiquera devant lui et les grands jours de Vasco de Gama recommenceront. Et, de nos jours même, de combien s’en fallait-il que Napoléon ne se réveillât de sa tombe à Sainte-Hélène ? Par malheur ou par bonheur, il venait après le xviiie siècle ; l’imagination populaire était assagie et épuisée, et la poésie sortait de la pensée nationale au moment même où elle entrait triomphalement dans l’histoire.

La Perse s’était bercée pendant des siècles de légendes pareilles. Nul peuple n’a tant de héros endormis et prêts à reparaître. Le plus illustre était Keresâspa, un pourfendeur de démons qui, après des exploits sans nombre, avait été frappé dans son sommeil par la lance d’un Touranien. Mais, mort, il vit encore : quatre-vingt-dix-neuf mille neuf cents anges veillent sur son corps dans la plaine de Kaboul. À la