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d’esprit, le laissa faire sans se prononcer. Mokhtar périt, malgré toutes ses finesses ; mais Mohammed, bon gré, mal gré, n’en resta pas moins le Mahdi pour les partisans de Mokhtar. Il n’en mourut pas moins à son tour ; mais ses fidèles ne voulurent pas croire à sa mort et annoncèrent qu’il reviendrait. C’était la première invasion dans l’Islam d’un vieux mythe familier à la mythologie persane et que nous allons rencontrer à présent bien des fois : le mythe d’un héros cru mort, qui attend, caché ou endormi, l’heure de reparaître. C’est une des légendes favorites de la mythologie aryenne et en particulier de la mythologie persane : elle est née d’un mythe naturaliste, de la réapparition de la lumière engloutie dans la nuit ou dans l’orage. Le héros lumineux, pleuré comme mort, reparaissait triomphant ; il n’était donc qu’endormi. De là, dans la victoire des ténèbres l’attente d’un réveil. Le dieu n’est pas mort ; il sommeille, il se réveillera (15).

Ces formules prêtaient merveilleusement à l’imagination populaire, qui de-