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lignée divine. Aussi, pour un Persan croyant à l’Islam, les prétentions et le triomphe des Oméiades, en dehors même de leur indignité religieuse, étaient un renversement monstrueux de la raison et du droit.

Aussi Ali, à peine mort, entra de plain-pied dans la légende et le mythe. Ali, cousin, frère, puis fils d’adoption du Prophète, son premier fidèle et son plus intrépide défenseur ; le guerrier que jamais homme n’avait vaincu, « à la naissance de qui, disait le khalife Abou-Bekr, les plus braves épées étaient rentrées dans le fourreau » ; le Samson des temps nouveaux qui, à l’assaut de Khaibar, avait arraché de ses gonds la porte de la ville et s’en était couvert comme d’un bouclier ; le beau, le noble, le charitable, le généreux, le sage et savant Ali, de qui le prophète avait dit : « Je suis la ville de la science et Ali en est la porte » ; Ali, trois fois dépouillé par l’intrigue de l’héritage de son père et tombant enfin sous le poignard des assassins, devint pour les siens comme