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aime à voir dans sa religion, même et surtout quand il ne la pratique pas, elle cessait d’être respectée sans cesser d’être lourde : elle ne pouvait plus durer, parce qu’elle ne gênait pas les passions et qu’elle gênait les intérêts.

Aussi, du jour au lendemain, la moitié de la Perse était musulmane, d’un islamisme étrange, il est vrai : l’Islam la dégageait de son culte incommode ; mais elle y transportait une chose à laquelle un pays tient bien plus qu’à sa religion, à ses dogmes et à son culte : elle y transportait en masse toute sa mythologie.

Quand la querelle entre Ali et les Oméiades éclata, la Perse, au fond, était bien peu intéressée dans la querelle : que lui importait qui tenait en main le bâton du khalife, de l’Arabe Ali ou de l’Arabe Moaviah ? Elle devait faire des vœux pour le vaincu, quel qu’il fût : c’était faire des vœux contre le maître. Le sentiment national s’était assez vite redressé. De revenir à l’ancienne religion, on n’y songeait guère : les souvenirs de cette dure et pé-