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nière alternative, qui avait le grand avantage de remplir les coffres. Les succès du Coran effrayaient leurs ministres des finances et, comme s’en plaignaient les intransigeants de l’Islam, il semblait que Dieu eût envoyé le Prophète, non comme apôtre, mais comme collecteur de taxes.

La Perse se convertit en masse et de plein gré : l’invasion arabe était pour elle une délivrance, en religion comme en politique. Elle avait subi sous les derniers rois nationaux une période d’anarchie épouvantable, et la religion d’État, le zoroastrisme, religion d’une morale très pure et très haute, avait néanmoins inauguré en Orient une chose alors toute nouvelle : l’intolérance. Chargée de pratiques pénibles, de prohibitions vexatoires auxquelles les Sassanides — les premiers souverains qui aient inventé la formule du trône appuyé sur l’autel (6) — prêtaient l’appui du bras séculier, elle avait perdu toute prise sur les esprits ; et comme, d’autre part, elle était aussi hostile que possible à cet esprit d’ascétisme que le peuple