Page:Darmesteter - Le Mahdi.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pendant ce temps d’un bien-être tel qu’on n’en a jamais entendu de pareil ; la terre produira toute chose bonne à manger, et ne leur refusera rien ; l’argent sera comme ce qu’on foule aux pieds, et un homme se lèvera et dira : Ô Mahdi, donne-moi ! et le Mahdi répondra : Prends ! » (Prolégomènes, II, 171.)

(71). Dans l’Inde aussi il y a place pour un Mahdi, puisqu’il y a une population musulmane. Un Mahdi musulman trouverait aisément un écho dans la population brahmanique, car le Brahmanisme moderne a son Mahdi : c’est Vichnou dans son dernier avatar, non encore manifesté, l’avatar de Kalki. À la fin des temps, Vichnou doit naître d’une famille de prêtres et sous le nom de Kalki, et viendra, sur un cheval blanc, l’épée flamboyante à la main, exterminer les barbares. Cette conception, qui ne paraît qu’à partir du bas moyen âge indien, semble s’être formée sous l’influence du messianisme persan-musulman, apporté par la conquête musulmane.

En 1810 parut un Mahdi dans la petite ville de Bodhan, à 15 milles de Surate. Il envoya au gouverneur, M. Crow, une sommation de se convertir ainsi conçue :

« À tous les conseillers et au gouverneur de Surate : Qu’il soit connu que l’Imanmul Deen de la fin du monde ou Emaum Mehdee[1] vient de se manifester, et que le nom de ce derviche est Ahmud, en hindoui on l’appelle Raja Nukluk. Sachez encore que si vous acceptez l’Islam, tant mieux ; si non, videz la ville ou préparez-vous à la bataille. Ce fakir vient de descendre du quatrième ciel avec quatre corps, combinant Adam

  1. L’imâm eddin, le chef de la religion, ou Imâm Mehdi.