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l’amitié de ce peuple qui nous recherche, sentinelle perdue de l’Occident que l’Europe a depuis des siècles oublié de relever. Un jour, si nous le voulons, si nous aidons ce peuple enfant à grandir, le massif abyssinien sera la forteresse d’où la civilisation européenne dominera le Soudan. Il ne s’agit point là d’aventures ni d’annexion ; il ne s’agit point de conduire du jour au lendemain une armée abyssinienne à la conquête de Khartoum : il s’agit d’une action lente à exercer, d’une action désintéressée et qui ne peut éveiller aucune jalousie car tous les peuples de l’Europe peuvent y concourir en proportion de la confiance que chacun saura inspirer. La nation européenne qui fera le plus pour l’éducation de ce peuple, qui saura respecter sa faiblesse et ne point l’exploiter, développer sa force et ne point s’en faire un instrument d’ambition trop personnelle, fera de ces arriérés du progrès son avant-garde contre la barbarie. Notre civilisation, ainsi installée aux sources du Nil Bleu, descendra lentement la vallée, et