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qui compte en Égypte, elle a brisé elle-même dans ses mains le seul instrument qu’elle pût employer là-bas. Et, songeons-y bien, dans ces fautes et ces malheurs de l’Angleterre il y a pour nous, les maîtres de l’Algérie, qui rêvons de frayer la voie d’Alger à Tombouctou, il y a un avertissement redoutable et qu’il faut méditer. Ne l’oublions pas dans nos rapports avec les Arabes d’Algérie, avec les Touaregs du désert, car ce sont ceux-là qui nous ouvriront le Soudan algérien. Que nos colons, parfois si durs et si méprisants pour l’indigène, le comprennent enfin, s’il veulent que leurs enfants fassent une réalité de cet empire français d’Afrique que rêve la fin de notre siècle. L’Angleterre a dit : l’Afrique aux Africains ! C’était un leurre dont elle est la première victime. Le seul programme pratique, le seul loyal, le seul utile à la civilisation, c’est celui qui associera l’indigène à notre œuvre et prendra pour mot d’ordre : l’Afrique par les Africains ! L’Angleterre ne l’a pas compris et elle expie.