Page:Darmesteter - La chute du Christ, 1879.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.

haletante, oppressée du cauchemar de la vie.

« Sommes-nous loin encore du pays du Christ ? N’est-ce point là la cité de Dieu ?

― Bien loin encore la cité du Christ ; nous sommes encore aux royaumes de la Vie. »

Il va, à travers les grands cercles obliques des planètes qui grincent dans l’éther, à travers la plainte de leur fatigue, mal entendue de Pythagore ;

À travers l’écharpe blanche, jetée aux vieilles épaules de Saturne, frêle mousseline que les doigts du Temps effilent en haillons d’étoiles.

Le soleil des hommes terrestres a disparu ; des soleils s’allument devant nous, des soleils s’éteignent derrière nous, avec des cortèges de planètes et de lunes.

Oh ! que de mondes dévorés dans l’envergure de notre vol, qui naissent, qui éclatent et qui meurent, au frôlement d’aile de mon archange !

Que de visions flamboient dans mes regards, de paroles éclatent dans mes oreilles, de choses pour lesquelles les mots, ô hommes, n’ont pas encore été inventés dans vos langues !

Ma poitrine tressaillait dans ce fourmill-