sa cosmogonie, emprunté à la hâte à Babylone par le dernier rédacteur de la Bible, et les histoires de la pomme et du serpent, sur lesquelles tant de générations chrétiennes ont pâli, n’ont jamais bien inquiété l’imagination de ses docteurs ni pesé d’un poids bien lourd sur la pensée de ses philosophes. Ses pratiques n’ont jamais été « un moyen de croire, » un expédient pour « abêtir » à la foi une pensée rebelle : ce n’est qu’une habitude chère, un signe de famille, de valeur passagère, et destiné à disparaître quand il n’y aura plus qu’une famille dans le monde converti à la vérité une. Supprimez tous ces miracles et toutes ces pratiques : derrière toutes ces suppressions et toutes ces ruines, subsistent les deux grands dogmes qui depuis les prophètes font le Judaïsme tout entier : Unité divine et Messianisme, c’est-à-dire unité de loi dans le monde et triomphe terrestre de la justice dans l’humanité. Ce sont les deux dogmes qui, à l’heure présente, éclairent l’humanité en marche, dans l’ordre de la science et dans l’ordre social, et qui s’appellent dans la langue moderne, l’un unité des forces, l’autre croyance au progrès.
C’est pour cela que le Judaïsme, seul de toutes les religions, n’a jamais été et ne peut jamais entrer en lutte ni avec la science ni avec le progrès social et qu’il a vu et voit sans crainte toutes leurs conquêtes. Ce ne sont pas des forces hostiles qu’il accepte ou subit par tolérance ou politique, pour sauver par un compromis les débris de sa force : ce sont de vieilles voix amies qu’il reconnaît et salue avec joie, car il les a, bien des siècle déjà, entendu retentir dans les axiomes de sa raison libre et dans le cri de son cœur souffrant. C’est pour cela que, dans tous les pays qui se sont lancés dans la voie nouvelle, les Juifs ont pris leur part, et non médiocre, plus vite que ne le font des affranchis de la veille, à toutes les grandes œuvres de