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ligne, un mot est tout le débris d’un siècle. Pour la seconde, rien que ce chaos talmudique, que les Juifs seuls pouvaient sonder, mais où ils ne songeaient à chercher que des sujets d’édification ou de casuistique, et non des enseignements d’histoire. Pour la troisième enfin, l’immense amas des œuvres du moyen âge, en grande partie oubliées des Juifs mêmes et ensevelies dans la poussière des bibliothèques. La face des choses a changé, par un double mouvement, l’un du dedans, l’autre du dehors : du dedans, par l’emploi de la méthode historique appliquée par les savants juifs à l’étude directe des sources juives ; du dehors, par la découverte ou par l’emploi de sources non juives qui sont venues éclairer et compléter les premières.

C’est ainsi que toute une série de sciences nouvelles, nées d’hier, assyriologie, égyptologie, épigraphie phénicienne, viennent se mettre au service de l’interprétation biblique qui les paie de retour[1]. Babylone et Ninive sortent de terre avec leurs grandes pages d’histoire gravées par les Salmanazar, les Sennachérib, les Nabuchodnozor, et viennent déposer leur témoignage en face du Livre des Rois et des Prophètes[2]. L’Égypte soulève le voile de ses hiéroglyphes et une nouvelle colonne de feu vient éclairer l’exode des Hébreux[3]. Le sol punique nous envoie un commentaire du Lévitique, contresigné des Suffètes de Carthage[4]. Le Panthéon phénicien et syrien se relève sur des fragments de pierres gravées et nous rend toutes ces Astartés et tous ces Baals qui luttèrent contre l’Élohim[5] ;

  1. L’hébreu a été longtemps, et est encore quelquefois, la clef des inscriptions phéniciennes et assyriennes.
  2. Rawlinson, Oppert, Halévy, Schrader, Lenormant, Smith, etc.
  3. Brugsch, Chabas, Lepsius, Mariette, Maspero, etc.
  4. Munk.
  5. Movers, Renan, de Voguë, Clermont-Ganneau, Berger, etc.