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Le mot Jupiter, ou mieux Jup-piter, est pour Jus-piter, composé de pater et du nom propre Jus, contraction latine du sanscrit Dyaus, du grec Ζεὺς : Juppiter est donc l’équivalent exact du grec Ζεὺς πατήρ, et le mot a même conservé plus vivante que Zeus la conscience de sa signification première : sub Jove signifie « sous le ciel » : le chasseur attend le sanglier Marse, sans souci du froid ni de la neige, sub Jove frigido « sous le Jupiter, sous le ciel froid. » Dyaus est encore en latin, comme il l’est en sanscrit, le nom du ciel brillant : « contemple, dit le vieil Ennius, au-dessus de ta tête ce lumineux espace que tous invoquent sous le nom de Jupiter.

Adspice hoc sublime candens quem invocant omnes Jovem[1]. »

Varuna, comme ses frères d’Europe, a été et est encore un dieu matériel et un dieu matériel du même ordre, un dieu du Ciel. C’est pour cela que le soleil est son regard, que le soleil, bel oiseau qui vole dans le firmament, est son messager aux ailes d’or[2] ; que les rivières célestes coulent dans le creux de sa bouche comme dans le creux d’un roseau[3] ; que, visible en tout lieu, tour à tour lumineux et ténébreux, tour à tour il s’enveloppe de la nuit et émet les aurores, tour à tour « revêt les vêtements blancs

  1. De Natura deorum, II, 25. Ovide Fastes 2. 299.
  2. Rig Veda, X, 123, 6. Le soleil est également l’oiseau de Zeus :
    Danaos

    καὶ Ζηνὸς ὄρνιν τόνδε νῦν κικλῄσκετε.

    Le Chœur :

    καλοῦμεν αὐγὰς ἡλίου σωτηρίους
    (Suppliantes, 212).

  3. RV. VII, 87, 6 ; X, 123. 7.