ZEUS ET JUPITER
Environ trois siècles avant notre ère, un poète grec s’adressait ainsi à Zeus :
« O le plus glorieux des immortels, aux noms multiples, à jamais tout puissant, Zeus, toi qui conduis la nature, gouvernant toutes choses suivant une loi, salut !… À toi tout cet univers, roulant autour de la terre, obéit, où que tu le conduises, et par toi se laisse gouverner… Si grand de nature, roi suprême à travers toutes choses, nulle œuvre ne se fait sans toi, ni sur la terre, ni dans la région céleste de l’éther, ni sur la mer, que celles qu’en leur folie accomplissent les pervers[1]. »
C’est là le Zeus des philosophes, des Stoïciens, de Cléanthe : mais il est déjà tout entier dans celui des vieux poètes. Puissant, omniscient et juste est le Zeus d’Eschyle comme celui de Cléanthe : c’est le roi des rois, le bienheureux des bienheureux, la puissance souveraine entre toutes[2], seul libre entre les dieux[3], qui des plus puissants est le maître, qui aux ordres de nul n’est asservi, au-dessus de qui nul ne siège à qui d’en bas il doive respect[4], et en qui l’effet suit la parole ; c’est le dieu aux pensées profondes, de qui le cœur a des voies sombres et voilées, impénétrables au regard, et jamais n’avorte le projet qui s’est formé dans son cerveau ; c’est enfin le père