Page:Darkó - Le Rôle des peuples nomades cavaliers dans la transformation de l’Empire romain aux premiers siècles du moyen âge, 1948 - posthume.djvu/14

Cette page n’a pas encore été corrigée

à Byzance qu’en Perse ; quand on étendit, au XIe siècle, les impositions aussi sur les fiefs militaires, on provoqua par là leur déclin, qui ne tarda pas à entraîner la chute de ce système entier de thèmes qui reposait sur eux.

En ce qui concerne l’adoption de la tactiques des archers cavaliers, nous sommes à même de constater qu’Héraclius restait beaucoup plus fidèle aux modèles offerts par les Avares et les peuples turcs que les Sassanides ; ces modèles représentaient d’ailleurs un art militaire qui était presque entièrement identique à celui des Huns. Malgré l’usage de l’arc, l’armée de Khosrou Ier avait gardé son caractère de cavalerie lourde, qui était dû surtout à la prépondérance des armes défensives et des armes d’une portée très restreinte. Cette cavalerie lourde munie d’arcs était connue aussi aux Parthes et dès l’époque de Léon le Sage elle commença à pénétrer même à Byzance. Ce fut Héraclius qui la bannit définitivement de son armée pour y implanter l’esprit d’une cavalerie légère composée d’archers adroits. Dans le domaine de l’organisation de l’État, les choses revêtent un aspect sensiblement différent : à cet égard les États parthe et sassanide adoptèrent dans une mesure beaucoup plus large les modèles qui leur étaient offerts par les Huns, tandis que l’imitation byzantine n’en admit qu’un seul détail, le plus important, pour le garder fidèlement pendant des siècles.

Si nous essayons de déterminer les motifs de ces emprunts faits directement ou indirectement par l’empire romain tardif et l’empire byzantin à la civilisation ancestrale des peuples nomades cavaliers, il ne nous sera pas difficile de les identifier avec l’esprit belliqueux, la tactique et les institutions militaires de ces peuples. Plus Rome et Byzance se mettaient en contact avec eux sur le champ de bataille, plus elles devaient se rendre compte de la supériorité écrasante des archers à cheval ; ce fut l’instinct vital, le désir de pouvoir faire face à ces attaques sans cesse renaissantes qui leur dicta le besoin impérieux de modifier les détails inefficaces de leur équipement et de leur tactique, en y introduisant des innovations calquées sur des modèles barbares. C’est pourquoi tous les emprunts, même ceux qui ont trait à l’habillement ou aux objets d’un usage quotidien, ressortissent à la sphère de l’art militaire. On peut y ramener aussi les innovations opérées