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les fiefs militaires, démontrent à n’en point douter que la force des thèmes consistait principalement dans ces organismes militaires ; c’est pourquoi le déclin de ces derniers entraîna fatalement celui de l’empire.

Si l’on essaie maintenant de remonter aux origines mêmes de ce système de fiefs militaires qu’on vient de reconnaître dans l’État partho-sassanide, il convient de tenir compte non de la Perse des Achéménides où l’on ne rencontre que de faibles tâtonnements en ce sens, mais des mœurs et coutumes des peuples nomades de l’Asie centrale et orientale, avec lesquels les Parthes avaient depuis longtemps été en contact permanent. Les contributions fort détaillées des sources chinoises à l’histoire de ces peuples, rendues accessibles à la science occidentale par M. De Groot, permettent d’établir que l’organisation d’état de ces nomades du nord était fondée dans son ensemble sur un vaste système de fiefs militaires. En ce qui concerne les Huns et leurs parents nomades, établis dans le voisinage de l’empire chinois, les sources écrites nous font voir que déjà au IIIe millénaire av. J.-C, chaque guerrier avait, malgré son nomadisme et son impéritie dans le domaine de la production agricole, une propriété terrienne qu’il faisait cultiver à ses serviteurs et en échange duquel il était astreint au service militaire. Le système de fiefs que Metoun Tanhou, ce grand roi des Huns, fit introduire, à la fin du IIIe siècle av. J.-C, dans son immense empire, créé par la subjugation de presque toutes les tribus de l’Asie centrale, accuse des similitudes frappantes avec l’organisation partho-sassanide. De même que celle-ci, l’empire des Huns embrassait plusieurs grandes provinces féodales à la tête desquelles les fonctions de commandant militaire et de gouverneur étaient remplies, à titre héréditaire, par les princes royaux et les personnalités éminentes d’autres tribus. L’armée des Huns étaient partagée en quatre groupes, selon les points cardinaux, et chacun de ces groupes possédait, d’après des modèles d’origine chinoise, des chevaux d’une couleur différente. En Arménie on rencontre également, sous la domination des Arsacides, quatre lieutenants (bdeaskh, bidhaksh, selon Ammien vitaxa) et Khousro Ier y nomma quatre gouverneurs militaires (spah-bedh), chargés d’administrer des secteurs correspondant aux quatre points cardinaux. Pour prouver que cette organisation