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fiefs militaires de ce genre dans les confins orientaux pour en assurer la défense ; il avait été le premier à jeter par là, sous l’influence visible des Parthes, les bases de l’institution des limitanei. Toutefois, rien ne prouve mieux le caractère étranger de cette institution dans l’empire romain et l’empire byzantin que les difficultés auxquelles son implantation définitive devait s’y heurter. Dès la fin du IVe siècle, elle connut une période de déclin pour n’être réorganisée que sous Théodose le Grand ; plus tard, au temps de Justinien, cette œuvre ne put plus être reprise et les limitanei finirent par perdre presque toute leur importance militaire. Dans ces conditions il est à présumer que l’empereur Héraclius ne se soit pas inspiré de l’institution d’un si triste souvenir des anciens limitanei romains, mais de la réforme particulièrement heureuse de Khousro Noushirvan, ce qui est d’autant plus sûr que l’empereur de Byzance, non content de créer des fiefs militaires dans les zones frontières, les généralisa sur le territoire entier des thèmes d’Armeniakon et d’Anatolikon. Quant à l’introduction des fiefs militaires dans les autres parties de l’empire, elle fut, du VIIe au IXe siècle, l’œuvre de ses successeurs qui, prenant pour modèle l’exemple d’Héraclius, ont graduellement introduit l’organisation des thèmes dans toutes les provinces.

Voici la manière dont Khousro Ier mit en pratique la militarisation de son régime politique chez les Sassanides ; ayant divisé son pays en quatre districts militaires selon les quatre points cardinaux, il mit à la tête de chacun de ces districts un gouverneur militaire (spahbed). C’est à ce dernier que furent subordonnés les gouverneurs civils (padgospan) dont les fonctions se confondaient parfois avec ceux des gouverneurs militaires. Il en fut de même dans les thèmes byzantins où l’on rencontre, en rapport de subordination vis-à-vis des gouverneurs militaires (στρατηγός), des proconsuls de thème, chargés de l’administration civile (ανθύπατοι και έπαρχοι) ainsi que des protonotaires (πρωτονοτάριοι τῶν θεμάτων). La seule différence entre les deux systèmes consistait en ce qu’à Byzance Héraclius se contenta de créer deux gouvernements militaires qui correspondaient aux quatre organismes analogues du royaume de Perse.

Les similitudes qui rattachent l’organisation des thèmes par