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LE VOLEUR

Que veux-tu ? J’ai bien été obligé de lui faire comprendre qu’une union entre son fils et Charlotte était désormais impossible ; entre la fortune que possédait Édouard il y a huit jours et celle qui lui reste aujourd’hui, l’écart est trop considérable…

— Je pense, mon oncle, que vous avez été un peu vite en besogne. D’abord, Charlotte avait, je crois, beaucoup d’affection pour Édouard…

— Elle ! Charlotte ! Elle n’aime personne. Une idéologue qui trouve que la terre lui salit les pieds et qui rêve d’avoir des ailes ! Ils sont dans la lune, les gens qu’elle aimerait.

— Peut-être. En tous cas, on peut retrouver, d’un moment à l’autre, une bonne partie des valeurs dérobées, sinon leur totalité ; que la police mette la main sur les coupables…

Mon oncle ricane.

— Les coupables ! dit-il. Ne mets pas le mot au pluriel. Il n’y a qu’un coupable.

Il se lève et marche nerveusement. Un seul coupable ! Que veut-il dire ? Subitement, il s’arrête et me frappe sur l’épaule.

— Écoute, je ne veux pas ruser avec toi, ni faire des cachotteries. Garde seulement pour toi ce que tu vas entendre… Si je n’avais pas été certain de ce que je viens de te dire et de bien d’autres choses, je n’aurais pas agi aussi brusquement avec Mme  Montareuil. J’ai pris des renseignements. J’ai été à la Préfecture, où je connais quelqu’un ; c’est toujours utile, d’avoir des relations dans cette maison-là ; tu pourras t’en apercevoir. On m’a mis des évidences irréfutables devant les yeux et l’on m’a donné des preuves. Le vol a été commis par une seule personne ; cette personne ne possède plus le produit de son larcin ; et elle ne sera pas arrêtée. Je te parlais tout à l’heure des deux individus qu’on prétend avoir vus… Fausse piste ; renseignement mauvais dont la police n’est pas dupe, ni d’autres, ni moi.

— Alors, dis-je, ému malgré moi, car les allures