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LE VOLEUR

quatre mille hommes avec sept pains, quelle plaisanterie ! Le capitalisme chrétien n’en est plus là. Avez-vous vu, par exemple, ces budgets d’ouvrières, établis par des personnes compétentes, et qui accordent à ces favorisées du ciel 65 centimes par jour pour vivre ? Et l’on suppose, ne l’oubliez, pas, qu’elles trouvent de l’ouvrage comme elles veulent. Et il paraît qu’elles sont rassasiées. Voilà un miracle !… Avez-vous pensé quelquefois, aussi, à ce Simon le Cyrénéen, qui revenait des champs, et auquel on fit porter la croix du personnage ? Il revenait des champs ! Vous entendez ? Eh ! bien, ils en ont encore l’épaule meurtrie, de cette croix, ceux qui travaillent !… Notre monde occidental les traîne comme un boulet, les traditions chrétiennes. Mais des races s’éveillent là-bas, à l’Orient, libres de ces entraves et destinées, sans doute, à nous délivrer de nos liens, de nos rêveries de ligotés au pied d’un gibet, de notre spiritualisme abject et peut-être de nos turpitudes morales. L’avenir, ça… Pour le présent, nous sommes condamnés au désolant spectacle de l’harmonie du désordre et de la symétrie de l’incohérence. Rappelez-vous les événements auxquels vous avez été mêlé, les êtres dont l’existence a coudoyé la vôtre. Des hallucinés ou des imbéciles. Tous ! Tous ceux que vous avez pu voir ! Et partout, démence, insanité, aberration, folie !… « La maladie est l’état naturel du chrétien », a dit Pascal. Hélas !…

— Si vous pensez ce que vous dites, m’écrié-je malgré moi, pourquoi portez-vous votre robe ?

— Pour m’en servir ! répond l’abbé en se levant avec un grand geste. Afin de m’en servir pour moi-même, pour mes intérêts, pour mes idées — des idées que j’ai et que je crois grandes, quelquefois ! — Dites donc ! pourquoi portent-ils des couronnes, vos rois ? des armes, vos soldats ? des toges, vos professeurs ? des simarres, vos juges ? Moi qui suis une force, qui veux être un homme et faire des hommes, il me serait impossible d’exister si je ne portais pas cette