Page:Darien - Le Voleur, Stock, 1898.djvu/410

Cette page a été validée par deux contributeurs.
393
LE VOLEUR

donner ces lettres si elles sont ici. Venez avec moi.

Nous entrons dans le cabinet. J’allume le gaz, j’ouvre mon sac et j’en sors une pince.

— Je vais forcer tous les tiroirs du secrétaire, puisque vous dites que les lettres que vous désirez s’y trouvent. Vous les chercherez à loisir. Pendant quoi, vous me laisserez travailler pour mon compte, n’est-ce pas ?

— Ah ! dit-elle, prenez tout ce que vous voudrez. Mon mari ne se sert de son argent que pour me rendre malheureuse. Et que m’importe le reste, pourvu que j’aie ces preuves de la faiblesse de ma pauvre mère !


Les tiroirs sont ouverts, Mme Delpich fouille dans les papiers, et moi je m’occupe du coffre-fort. Je suis en train de l’éventrer. Oh ! pas avec une scie et une tarière. Non ; ce sont là des procédés surannés, bons pour les criminels conservateurs. J’ai inventé quelque chose de mieux. Une sorte de moule à base de glycérine, en forme d’assiette à soupe, qui s’applique sur la paroi ; par un trou pratiqué à la partie supérieure, j’introduis dans la cavité un certain mélange corrosif qui, rapidement, ronge le métal. En très peu de temps une ouverture est faite, et l’on a ainsi raison du coffre-fort le plus solide, sans fatigue et sans ennui. Le progrès ! L’homme est l’animal qui a su se faire des outils, a dit Franklin.

Je suis à peine au travail depuis dix minutes que l’ouverture est pratiquée ; je plonge mon bras à l’intérieur de l’incrochetable, et j’explore. Des liasses de billets de banque, très peu de valeurs — Delpich, sa fuite étant préméditée, a dû réaliser — et des papiers, sans doute des papiers d’affaires, ficelés et cachetés. Je les emporterai aussi, car les banknotes tiennent peu de place. Allez ! dans mon sac. C’est une affaire faite.

Mme Delpich, qui a fini de remuer les paperasses et a dû trouver ce qu’elle cherchait, s’est approchée de moi et me regarde avec admiration.