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LE VOLEUR

vous : et les serrures à secret, c’est toujours la même balançoire. Ça ne vaut rien du tout. Il n’y a pas de danger que j’en mette à mes portes… Quoique je sache bien qu’avec ces messieurs je n’ai rien à craindre, pour une fois… Du moment qu’on a la dimension de la serrure, on a la clef. Regardez comme ces deux-là s’adaptent à vos empreintes ! Mettez-les dans votre poche ; vous m’en direz des nouvelles. Quant au passe-partout, voici quelque chose qui pourra faire l’affaire, avec des rectifications. Voulez-vous que je vous donne un coup de main ?

— Merci. J’en ai pour cinq minutes.

— Ah ! monsieur Randal, s’écrie l’hôtelier, je sais bien que vous m’en remontreriez ! Il n’y a qu’à vous voir pour deviner que vous êtes un fameux lapin, sauf votre respect. Vous maniez la lime que c’est un plaisir de vous regarder. On dirait que vous n’avez jamais fait autre chose. Vous me faites penser à Louis XVI. Ça ne lui a pas porté bonheur, à ce pauvre roi, son amour de la serrurerie ; car, enfin, sans cette armoire de fer, savez-vous… Ma foi, je crois que vous avez fini votre clef. Voyons un peu ; essayons sur la cire. Mais, oui, ça y est… Allons, vous êtes sûr de pouvoir entrer dans la maison en propriétaire ; et quant au reste… Il me semble que je vous vois déjà revenir avec votre butin. Ma petite fille fait sa première communion dimanche, pour une fois ; ça va vous porter bonheur, vous verrez.

— Je n’en doute pas, dis-je en sortant de l’atelier. Eh ! bien, pendant que je vais me laver les mains, faites donc monter une ou deux bouteilles de champagne pour célébrer à l’avance cet heureux événement.

— Ah ! s’écrie l’hôtelier, comme vous avez raison d’avoir des sentiments religieux, monsieur Randal. C’est tellement nécessaire, dans l’existence !… Nous disons trois bouteilles, n’est-ce pas ?


Nous aurions aussi bien pu dire une douzaine.