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LE VOLEUR

— Si, si, dis-je ; c’est la moindre des choses, puisque vous ne me connaissez pas. Maintenant, il faut que je vous demande un service, j’ai une pointe dans la semelle d’une de mes chaussures… Tenez, regardez…

— Ah ! s’écrie le tailleur, cela doit bien vous gêner, pour une fois ! Des imbéciles s’amusent à semer des clous dans les rues… Si vous permettez, je vais vous l’arracher…

— Non, non, dis-je ; je ne souffrirai jamais… Donnez-moi seulement quelque chose…

— Des ciseaux ?

— Non, je craindrais de me couper. Une clef, plutôt, une bonne clef.

— Voici le passe-partout de la maison ; j’espère qu’il vous suffira.

— Très bien ; c’est mon affaire.

Je m’assieds, je croise les jambes et je m’évertue…

Enfin, le clou est arraché — et j’ai pris une empreinte satisfaisante du passe-partout sur un morceau de cire que je tenais dans la main gauche. — Je remercie beaucoup le tailleur qui me reconduit jusqu’au bas de l’escalier ; et dix minutes plus tard je suis de retour à l’hôtel du Roi Salomon.

Je descends, avec l’hôtelier, dans une pièce du sous-sol qui a beaucoup l’aspect d’un atelier de serrurerie ; un établi, des étaux, une petite forge, des outils de toutes sortes accrochés aux murs, démontrent péremptoirement que la maison est une maison bien tenue, confortable, désireuse de placer à la disposition des voyageurs spéciaux qui forment sa clientèle toutes les commodités qu’ils chercheraient en vain ailleurs.

— Voyons vos empreintes, dit l’hôtelier. Ça, c’est le passe-partout ; je ne l’ai pas. Il faudra le faire. Mais pour ces deux serrures-là, je crois bien que j’ai les clefs. Attendez un peu.

Il fouille dans des tas de ferrailles, finit par trouver ce qu’il cherche.

— J’en étais sûr. Ce sont des serrures à secret, savez-