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LE VOLEUR

Les banques sont fermées aujourd’hui, demain et après-demain. Il faut trouver un moyen… Tenez, dis-je à Annie qui entre, allez chercher ces médicaments et de la glace ; et, en même temps, tâchez de me faire escompter ces chèques par les commerçants dont les boutiques sont restées ouvertes.

Et je lui remets quatre chèques de vingt-cinq livres que j’ai signés à la hâte.

— C’est singulier, dit Charlotte, que tu n’aies pas d’argent chez toi.

— Je fais comme tout le monde ; c’est l’habitude, ici. On a très peur des voleurs, à Londres.

Charlotte sourit d’un sourire triste.

— Crois-tu qu’Annie réussira à avoir de l’argent ?

— Je l’espère.


J’ai tort. Elle rentre, une demi-heure après, sans avoir pu trouver personne disposé à escompter mes papiers. Les commerçants disent qu’ils ne peuvent pas, pour le moment ; ah ! si c’était après les fêtes, ils ne demanderaient pas mieux. Annie a les larmes aux yeux ; quant à Charlotte, elle se laisse tomber sur une chaise et éclate en sanglots.

— Mon Dieu ! dit-elle, c’est affreux ! Tout est contre moi… Ce médecin l’aurait peut-être sauvée !…

— Ne te désole pas, lui dis-je en prenant mon manteau et mon chapeau. Je vais sortir ; je sais où trouver l’argent nécessaire… Occupe-toi de faire ce qu’a ordonné le docteur. Peut-être ce vésicatoire suffira-t-il… Mais ne te tourmente pas, surtout. Il est une heure et demie ; je reviendrai le plus tôt possible et pas sans l’argent, je te promets. Ce ne sera pas difficile.


Ah ! si, c’est difficile. Très difficile. Les gens que je vais voir sont absents ; ou bien, pleins de bonne volonté, ils se trouvent dans le même cas que moi et ne peuvent m’offrir que des sommes dérisoires. Et voilà trois heures que je suis en route !… Qui pourra m’avan-