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LE VOLEUR

pourrai vous être utile… Je n’oublierai pas que vous m’avez rendu service.


En rentrant à l’hôtel du Roi Salomon, j’aperçois les deux policiers qui se font face sur le trottoir ; je vois, à la lueur des becs de gaz, leurs yeux s’agrandir démesurément à mon aspect. Ils ont sans doute envie de me demander pourquoi je reviens tout seul…

— Me voici de retour, dis-je à Roger-la-Honte qui m’attend en accumulant des croquis sur un album qu’il a acheté, en passant, dans les Galeries Saint-Hubert. Tout a été pour le mieux.

— Chouette ! dit Roger. Tu me raconteras tout ça en détail. Mais, d’abord, je veux te parler du travail. Le coup est à faire, non pas à Bruxelles, mais à Louvain. C’est Stéphanus qui me l’a indiqué… Tu sais bien, ce Stéphanus dont je t’ai parlé souvent, et qui est employé ici chez un banquier, un homme d’affaires…

— Ah ! oui ; je me souviens. Dis donc, y a-t-il moyen de retarder la chose pendant cinq ou six jours ?

— Certainement. Huit, dix, si l’on veut. Tu es occupé ? Pour la petite, au moins ?

— Oui, il faut que je fasse quelques démarches ces jours-ci. Et même, comme j’ai quelqu’un à voir demain matin de bonne heure, je vais aller me coucher, avec ta permission.

— Va, dit Roger. Nous aurons le temps de causer à notre aise si nous restons ici une semaine à nous tourner les pouces. Mais la fille d’un camarade, c’est sacré… Bonsoir.

C’est surtout pour réfléchir que je veux me retirer dans ma chambre. Mais le sommeil a bien vite raison de mes intentions…


Il est huit heures, quand je me réveille. J’ai juste le temps de m’habiller pour courir surprendre Bar-