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LE VOLEUR

— Te voilà tout de même ! me dit-il ; on te croyait perdu, depuis le temps… Qu’est-ce que tu faisais donc à Paris ? Broussaille disait qu’on t’avait nommé juge de paix… Et, dis donc, il en est arrivé, des histoires !… Canonnier arrêté… Ah ! vrai !… Sa fille est ici ? Je n’avais pas osé vous déranger en arrivant… Tu sais, il y a un fameux coup à risquer. C’est pour ça que je t’avais écrit de venir à Bruxelles…

— Roger, dis-je, il faut que tu fasses quelque chose tout de suite. La fille de Canonnier est en danger ici et je veux l’emmener sans qu’on puisse nous suivre. Il y a un roussin devant l’hôtel ?

— Deux, répond Roger-la-Honte ; je les ai vus ; ils montent la faction de chaque côté de la porte.

— Bon. Tu vas aller à Ixelles, rue Clémentine ; tu sais ?

— Parbleu !

— Les roussins ne te fileront pas ; prends un fiacre, mais quitte-le avant d’arriver à la maison.

— Bien sûr.

— Tu diras à l’Anglaise de faire atteler son petit panier, et tu le conduiras ici. Dès que tu seras arrivé, je prendrai ta place avec la petite et nous partirons. Quelle heure est-il ? Neuf heures. Préviens l’Anglaise que je serai chez elle vers onze heures et demie. Dépêche-toi. Tâche d’être revenu dans trois quarts d’heure au plus tard.

— Sois tranquille, dit Roger ; tu me coupes mon dîner en deux, mais ça ne fait rien.

Il descend l’escalier en courant.

— Eh ! bien, dis-je à Hélène qui vient de sortir de sa chambre, j’ai trouvé le moyen de sortir d’ici sans nous faire suivre…

— Et moi, répond-elle, j’ai trouvé le moyen d’utiliser les lettres. Voici mon plan : je vais exiger de Mme  de Bois-Créault, sous la menace d’un scandale meurtrier, qu’elle envoie son fils me demander ma main.

— Son fils ! Vous marier avec son fils ?…