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LE VOLEUR

suivra sans doute pas… Tenez, Hélène, entrez dans votre chambre, serrez soigneusement toutes ces lettres et préparez-vous à partir.

Je sonne tandis qu’Hélène, après avoir ramassé les papiers, disparaît dans sa chambre.

— Prévenez le patron que j’ai besoin de lui parler, dis-je à la servante qui se présente.

L’hôtelier entre, la tête basse, l’air déconfit.

— Ah ! monsieur Randal, dit-il, quel malheur ! Une arrestation chez moi !… Qu’est-ce que ces Messieurs vont penser de nous ? L’hôtel du Roi Salomon est déshonoré, pour une fois… Ma femme est dans un état !… On peut le dire, depuis vingt ans que nous tenons la maison, jamais chose pareille n’était arrivée. La police nous prévient toujours… Il faut qu’il y ait eu quelque chose de spécial contre M. Canonnier, savez-vous…

— Ne vous faites pas de bile, dis-je. Il n’y a pas de votre faute, nous le savons. Écoutez, vous allez faire une course pour moi…

— Bien, monsieur Randal ; tout de suite. Ah ! j’oubliais : M. Roger vient d’arriver…

— Roger-la-Honte ?

— Oui, monsieur Randal.

— Dites-lui qu’il monte immédiatement. C’est lui qui fera ma course.

— Ah ! gémit l’hôtelier, la larme à l’œil, je vois bien que vous ne vous fiez plus à moi.

— Mais si, mais si. Tenez, pour vous le prouver, je vous fais présent de cette valise et de ce qu’elle contient ; mettez tout ça en pièces et vite, dans votre fourneau ; qu’il n’en reste plus trace dans cinq minutes.

— Bien, monsieur Randal ; comptez sur moi, pour une fois, et pour la vie.

L’hôtelier descend ; et tout aussitôt j’entends Roger-la-Honte monter l’escalier. Il entre, la bouche pleine, la serviette autour du cou.