Page:Darien - Le Voleur, Stock, 1898.djvu/286

Cette page a été validée par deux contributeurs.
269
LE VOLEUR

— Non, dis-je en faisant sauter les serrures de la valise que j’ai placée sur une chaise. Non, j’ai travaillé en amateur ce soir… Voilà qui est fait. Videz le sac vous-même, pour être sûre que je ne ferai rien glisser dans mes manches.

— Si vous voulez, répond Hélène en riant ; ce sera plus prudent. Ah ! je crois bien que nous ne trouverons pas grand’chose.

Pas grand’chose, en effet. Des objets de toilette, des journaux, un numéro de la « Revue Pénitentiaire », et un grand portefeuille qu’Hélène se hâte d’ouvrir.

— C’est ici, dit-elle, que nous allons trouver les cinq cent mille francs.

Non, pas encore ; le portefeuille ne contient que des lettres, des tas de lettres. Mais elles paraissent intéresser prodigieusement Hélène, ces épîtres ; elle a tressailli en en reconnaissant l’écriture, et elle se met à les lire avec un intérêt des plus visibles, les lèvres serrées, les doigts nerveux faisant craquer le papier.

— C’est suffisant, dit-elle en s’interrompant ; je n’ai pas besoin d’en lire davantage pour le moment. Écoutez — et elle frappe sur les papiers répandus sur la table — il y a là les preuves de toutes les infamies dont je viens de vous parler et, de plus, toutes les évidences d’un honteux chantage. Ces lettres ont été écrites à Barzot par Mme de Bois-Créault, depuis trois ans. Il n’y a pas eu un marché, ainsi que je vous l’ai dit ; il y en a eu des centaines ; il y a eu un marché chaque fois. Ah ! oui, je lui ai coûté cher, à Barzot ; et il ne m’a pas eue comme il a voulu…

— Mais pourquoi diable transportait-il ces lettres avec lui ?

— Je ne sais pas. Probablement pour me décider à revenir. Ils étaient arrivés à croire que j’avais de l’affection pour Mme de Bois-Créault, je vous dis… Et puis, est-ce qu’on sait ? Barzot ne doit pas avoir la tête à lui, maintenant. Il était fou de moi… Croyez-vous qu’on pourrait tirer parti de ces lettres ?