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LE VOLEUR

Elle m’interrompt.

— D’abord, Monsieur, je vous en prie, veuillez me dire s’il est possible de faire quelque chose pour mon père.

Hélas ! elle ignore la vérité, cette vérité terrible que je ne puis lui apprendre ; mais je ne veux pas, non plus, lui forger un conte, lui donner des espoirs dont l’irréalisation forcée ne pourrait que la faire souffrir.

— Non, Mademoiselle, il n’y a rien à tenter en faveur de votre père, au moins pour le moment. Rien, absolument rien. Plus tard, très probablement…

— Merci, Monsieur, répond-elle d’une voix ferme. Plus tard, bien… Soyez sûr que je ferai l’impossible, le moment venu. Mais, plus tard, c’est l’avenir… Voulez-vous que nous nous occupions du présent ?

— Certainement, Mademoiselle ; je n’ai point l’honneur d’être connu de vous depuis bien longtemps, mais j’étais très lié avec votre père, et je vous assure de tout mon dévouement. Si vous voulez me faire part de vos intentions, quelles qu’elles soient, et si vous croyez que je puisse vous être utile…

— Je vous remercie de tout cœur ; mais je ne puis vous confier mes projets, car je n’en ai point. Non, réellement, je ne sais absolument que faire.

— D’après ce que je vous ai entendu répondre à cet homme, il n’y a qu’un instant, vous appréhendez de retourner chez Mme  de Bois-Créault ; vous pensez sans doute qu’elle vous pardonnerait difficilement votre départ…

Hélène sourit.

— Monsieur, me demande-t-elle, connaissez-vous la famille de Bois-Créault ?

— Pas personnellement. Mais j’en ai entendu souvent parler. Ce sont des gens très honorables et très riches. M. de Bois-Créault est un ancien magistrat, un ex-procureur général fort connu. Il vit très retiré et on le voit rarement dans le monde. Il travaille à