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LE VOLEUR

Je ne l’écoute plus ; je grimpe l’escalier au plus vite. Canonnier est ici !… Alors, qu’est-ce que c’était que cette comédie jouée hier par Issacar ? Avait-il deviné le but de la manœuvre que j’avais exécutée, et avait-il voulu, pour se venger à moitié, me faire une fausse peur sans nuire à l’homme que je voulais sauver ? C’est bien possible… Je frappe à la porte qu’on m’a indiquée.

— Enfin ! c’est toi, dit Canonnier qui vient m’ouvrir. Je commençais à désespérer. Qu’est-ce qui t’a retenu à Paris ?

Autant ne point le lui avouer. À présent que le danger est passé, il vaut mieux ne pas parler de mes craintes.

— J’ai manqué le train du matin, dis-je ; on m’avait réveillé, trop tard. Et il ne faudra pas m’imiter demain, car il est nécessaire de partir pour Londres à la première heure. J’ai à faire ici dans deux ou trois jours, mais je t’accompagnerai, quitte à revenir le lendemain, afin de vous installer chez moi, toi et ta fille.

— Tu es bien aimable ; je pense aussi que l’Angleterre vaut mieux pour moi que la Belgique, et j’étais décidé à ne pas rester ici bien longtemps. J’ai déjà fait porter mes bagages à la consigne de la gare du Nord et j’ai télégraphié à Paternoster de garder la valeur des titres que je lui ai expédiés jusqu’à ce que toi ou moi allions chercher cet argent. Tu sais ce qu’il donne ? Mille livres sterling. Il n’y a pas à se plaindre ; je n’espérais pas davantage. D’ailleurs, Paternoster n’aurait aucun intérêt à me rouler…

On frappe. C’est une servante qui vient demander où nous désirons dîner.

— Ici, répond Canonnier ; dans ce salon. Nous serons mieux à notre aise pour causer… Hélène est là, continue-t-il en indiquant une porte qui donne dans la pièce où nous nous trouvons. Moi, j’ai une chambre au second. Et toi ?

— Moi, je ne sais pas encore, mais peu importe.