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LE VOLEUR

Puis, on entend leurs pas qui s’éloignent. Margot se tord de rire ; et moi je saute à bas du lit. Vite, vite, il faut partir, quitter Paris…

— Qu’est-ce que tu fais ? demande Margot. Tu t’habilles ? Tu pars ?

— Tu le demandes ! Un pays où l’on veut faire de moi un ministre de la Justice !

— Et puis, après ? dit Margot qui rit encore. Pourquoi pas toi aussi bien qu’un autre ?

Ah ! la malheureuse ! C’est vrai, elle ne sait rien… Laissons-la dans son ignorance.

Quand je la quitte, elle me demande mon adresse à Londres ; elle viendra peut-être me faire une visite dans quelque temps… J’en serai enchanté. Je lui donne une carte. Et elle sonne sa femme de chambre pour lui ordonner d’aller porter à Courbassol, chez l’indigne rivale, la nouvelle du bonheur qui l’attend.

Ah ! oui, il va être heureux, Courbassol. Ministre de la Justice ! Quel honneur ! — Quel honneur même pour la Justice, car enfin Courbassol n’est peut-être encore que l’avant-dernier des Courbassols…

Je me hâte de rentrer chez moi, de déjeuner et de me préparer à partir. Je veux être à Bruxelles ce soir car une pensée, tout d’un coup, m’a traversé le cerveau. Canonnier a été arrêté, c’est certain ; mais qu’est devenue sa fille ?