Page:Darien - Le Voleur, Stock, 1898.djvu/265

Cette page a été validée par deux contributeurs.
248
LE VOLEUR

— Qu’y a-t-il donc ? demande Margot.

Moi, je ne sais pas… Mais les voix se rapprochent ; et l’on commence à distinguer les paroles prononcées par plusieurs hommes dans le petit salon qui précède à chambre à coucher.

— Si, si, nous savons qu’il est ici !

— Mais non, Monsieur, je vous jure, répond la voix de la femme de chambre. Madame est toute seule.

— Voyons, voyons, ma petite, c’est inutile de nous faire des contes. Du moment qu’il n’est pas chez lui, il est ici ; c’est forcé.

Et, une seconde après, on frappe à la porte de la chambre.

— Mon cher ami, vous êtes là ?… Répondez-moi, sacredié ! C’est moi, Machinard.

— Réponds, murmure Margot ; sans ça, ils ne s’en iront pas.

Et elle mord les draps pour ne pas éclater de rire, pendant que je pousse un rugissement.

— Humrrr !…

— Bien, bien, répond Machinard. C’est tout ce que je voulais savoir. Ne vous dérangez pas… Il faut vous rendre à l’Élysée pour midi. Le président vous fait appeler pour vous offrir la présidence du Conseil et le portefeuille de la Justice. Je compte sur votre exactitude, n’est-ce pas ?

— Humrrr !…

— Et mes félicitations. Rappelez-vous que c’est l’Intérieur qu’il me faut.

— Humrrr !…

— Et mes compliments, vient dire Chose à travers la porte. Souvenez-vous bien de me réserver la Marine.

— Humrrr !…

— Et mes congratulations, reprend Un Tel par le trou de la serrure. N’oubliez pas de me désigner pour l’Agriculture.

— Humrrr !…